
Aujourd’hui un article sur fond de Kinstugi, de création, de rémission et de résilience.
Le Kintsugi, c’est quoi ?
Si l’on se réfère à la définition Wikipédia,
« Le kintsugi (金継ぎ, « jointure en or ») ou kintsukuroi (金繕い, « réparation en or ») est une méthode japonaise de réparation des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d’or ».
Histoire

« Le kintsugi serait apparu lorsque, à la fin du xve siècle : le shogun Ashikaga Yoshimasa a renvoyé en Chine un bol de thé chinois endommagé pour le faire réparer. Le bol étant revenu réparé avec de vilaines agrafes métalliques, les artisans japonais auraient cherché un moyen de réparation plus esthétique.
La réparation de vaisselles avec des laques provenant de résines de plantes est une tradition pratiquée en Chine, en Corée, au Japon et au Viêt Nam, mais les réparateurs japonais amenèrent une touche esthétique particulière en y ajoutant de la poudre d’or.
Cela relève d’une philosophie qui prend en compte le passé de l’objet, son histoire et donc les accidents éventuels qu’il a pu connaître. La casse d’une céramique ne signifie plus sa fin ou sa mise au rebut, mais un renouveau, le début d’un autre cycle et une continuité dans son utilisation. Il ne s’agit donc pas de cacher les réparations, mais de mettre celles-ci en avant. »
Passées ces considérations de remise en contexte, quel lien entre le Kintsugi et ma nouvelle vie d’artisane céramiste ?
Il y a bientôt deux ans, je faisais le choix d’écouter mon corps et la petite voix au fond de moi. Il y a deux ans, je démissionnais pour vivre une aventure nouvelle, celle de l’artisanat et de la céramique.
Bien sûr, j’ai hésité, tergiversé. Quitter un poste de cadre en CDI, ça n’est pas facile.
Mais mon travail avait fini par me rendre malade : eczéma, insomnies, grande sensibilité (= pleurer même devant des pubs pour le jambon :-). Il commençait aussi à me rendre impatiente et irascible, moi qui suis plutôt d’un naturel joyeux et optimiste. Clairement, il était temps de prendre une décision.
J’ai d’abord cherché des voies rassurantes, un nouveau boulot qui m’apporterait notamment une stabilité financière. C’était sans compter le travail de bilan de compétences qui me ramenait toujours à l’artisanat d’art… Alors je me suis dit qu’à 40 ans passés, c’était « le moment ou jamais » de changer de cap !
Voilà comment j’ai posé ma démission pour partir un an en formation avant de m’installer en tant qu’artisane céramiste. Voilà dans les grandes lignes comment j’ai perdu en sécurité mais gagné en sérénité !
S’écouter et se réparer…

Et là, en m’engageant dans une nouvelle voie que me dictait ma voix intérieure… j’ai (re)commencé à me réparer. Un peu à la manière du Kintsugi !
Je dis (re)commencé, parce que ce travail de réparation, je l’avais déjà vécu, de façon plus physique et littérale : depuis 17 ans, je suis atteinte de la maladie de Crohn, maladie inflammatoire chronique de l’appareil digestif.
Les 1ères années ont été difficiles : d’abord l’errance médicale, la fatigue intense et les douleurs immenses. Puis, enfin, une pose de diagnostic, suivie d’hospitalisations et d’opérations multiples, ainsi que d’une année de soins infirmiers post-opératoires, matin et soir.
Aujourd’hui, grâce à un traitement immunosuppresseur adapté et une certaine hygiène de vie (j’évite autant que faire se peut les aliments inflammatoires – gluten, lactose, sucres raffinés – et je fais du sport pour compenser la perte d’immunité – même si là, avec ma nouvelle vie d’artisane entrepreneure, faut bien avouer que je manque un peu de temps pour l’instant !) , je suis en rémission.
C’était long, difficile et douloureux. Mais patiemment, mon corps a cicatrisé. Et paradoxalement, cette épreuve m’a fait découvrir des ressources insoupçonnées.
Et à cette époque-là aussi, j’avais pris le temps de réfléchir à mes envies et à mon avenir : moi qui me destinais à l’enseignement, je décidais finalement de me consacrer au cinéma et à l’éducation aux images. Cette vie pro a duré 14 ans, avant de bifurquer à nouveau !
19 mai, Journée mondiale des MICI – maladies inflammatoires chroniques de l’intestin

Aujourd’hui 19 mai, c’est la Journée mondiale des MICI – maladies inflammatoires chroniques de l’intestin – dont la maladie de Crohn.
Alors aujourd’hui 19 mai, c’est l’occasion de donner un peu de visibilité à ces maladies encore trop souvent taboues car touchant à l’appareil digestif. Parce que parler, c’est déjà un bout de chemin parcouru pour apprivoiser la maladie.
J’ai la chance d’avoir été accompagnée par un personnel soignant hors pair qui a pris le temps : celui de l’écoute, des réponses aux questions, des larmes à calmer, le jour, la nuit. Sans elles et eux, je ne serais pas en capacité aujourd’hui d’assumer cette maladie, d’en parler sereinement et sans honte.
(Je crains d’ailleurs que cette écoute patiente puisse être la même aujourd’hui, tant l’hôpital public est en souffrance et son personnel pressurisé, pressé – et malgré tout toujours présent, souriant, du mieux possible – Mais bon, ça, c’est encore une autre histoire ! 😉).
Le pot cadeau, brisé puis sublimé

Le pot sur l’image, c’était un cadeau pour le gastroentérologue qui me suit depuis le début et m’a encouragée à sauter le pas de la reconversion (me rappelant à juste titre que désormais, c’est mon boulot qui me rendait malade et non ma maladie…).
J’en avais fabriqué deux, au cas où. Et j’ai bien fait, l’un d’eux s’est brisé en cuisson (les aléas de la céramique).
J’en ai profité pour faire une initiation à l’art du Kinstugi avec la formidable Géraldine @atelier_yadori. Si vous êtes à Bordeaux ou alentours, je vous recommande vivement l’expérience !
Et je dois dire que ce pot précieusement réparé à l’or et sublimé dans ses fêlures, je l’aime beaucoup. À l’image des épreuves de la vie, qui fragilisent en même temps qu’elles peuvent rendre plus fort.e. Parce que finalement, les fissures font partie de notre histoire à toutes et tous. Elles nous transforment, quoi qu’il en soit et malgré nous, en une personne nouvelle. Et parfois, nous font prendre de nouveaux chemins et vivre de nouvelles aventures…
Pour finir…
Force et espoir aux malades, merci aux soignant.e.s et accompagnant.e.s. Vous êtes précieux !
Et du fond du cœur, merci aussi à vous qui me suivez, soutenez, encouragez et me permettez de suivre ce nouveau chemin !
Ton histoire est superbe de positif.
Bien sûr, après avoir vécu tout cela et en regardant tout le chemin parcouru, on ne peut qu’applaudir toute cette résilience et cette combativité.
Bravo à toi Virginie et quelle belle reconversion.
Santé, soleil, paillettes et chocolat
Merci du fond du cœur pour ce message qui me touche.
Merci aussi pour ton soutien, sur les réseaux et dans « la vraie vie », avec tes achats coup de cœur à l’atelier. Ca aussi, dans un parcours de reconversion, ça fait chaud au cœur 🙂
Pfiou, que de cœurs dans cette réponse ! 😉
Et alors soleil, paillettes, chocolat… Tout ce que j’aime !
A bientôt !