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Bol « Vague printanière »

Il y a quelques jours avaient lieu les JEMA – Journées Européennes des Métiers d’Art, évènement européen destiné à faire découvrir les métiers d’art et leurs coulisses, en rencontrant artisanes et artisans, qui quelques jours durant et pour l’occasion, ouvrent les portes de leurs ateliers.

À cette occasion, la Pépinière d’entreprises artisanales de métiers d’arts au sein de la quelle j’ai mon atelier a organisé deux journées de portes ouvertes. L’occasion de vous rencontrer et me concernant, échanger pour la 1ère fois autour de mon travail.

Ce fut riche, intense et doux à la fois.

MERCI

Avant toute autre chose, MERCI.

Merci pour votre visite, vos questions, votre enthousiasme, vos retours, vos compliments, vos souhaits de bonheur et parfois aussi vos achats plaisir, qui m’ont aussi mis du baume au cœur. Non seulement parce que c’est la 1ère fois que je montrais mon travail et que, très concrètement, ils vont me permettre de faire l’acquisition des émaux dont j’ai besoin pour poursuivre mon travail autour de la couleur.

Mon parcours, mon histoire

Durant ces 2 journées, les visites de mon atelier se sont succédées. Ce que je n’imaginais pas, c’est que raconter un peu de mon parcours, de mon histoire puisse parfois résonner en vous de façon si sensible.

Alors c’est l’angle que j’ai choisi pour cet article : le sensible et les émotions.

Deux éléments par ailleurs et à mon sens, indissociables de la création et de l’artisanat.

Deux jours durant, j’ai croisé ou rencontré près de 400 personnes.

De fait, j’ai raconté mon parcours de reconversion, un peu, beaucoup ou passionnément. Ce qui m’a le plus marquée, c’est de voir à quel point il a retenu votre intérêt, parfois même engendré de vives émotions.

Je le savais déjà, nous vivons dans une époque où beaucoup d’entre nous ne sont plus satisfaits de leur travail. Ou, parfois, pire encore, il les use, littéralement. C’était mon cas avant de démissionner et de faire le choix d’une démission, d’une formation et d’une reconversion pour embrasser une vie d’artisane céramiste. J’en parle d’ailleurs dans un autre article.

Pendant ces deux jours, j’ai pu me rendre pleinement compte à quel point l’envie de changer de vie était un sentiment partagé. Mais, sauter le pas n’est pas toujours aisé. Cet inconnu représente tellement de risques à prendre.

Touchée…

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Broches Musarde

J’ai été particulièrement touchée par certaines rencontres. Voir certain.e.s d’entre vous retenir leurs larmes ou ne pas y arriver. Je sais à quel point ces moments peuvent être douloureux. A quel point le corps et l’esprit peuvent être en souffrance. L’entourage aussi, parfois démuni.

Je garde par exemple en mémoire cette famille venue avec leur fille, attirée par les métiers d’art et en plein questionnements sur son avenir. Tout comme le papa, en phase de reconstruction après un épuisement professionnel.

J’ai rencontré aussi plusieurs femmes, en route vers le grand chamboulement, prêtes à sauter le pas d’une nouvelle vie professionnelle.

Ou encore une maman et ses deux grands enfants, qui ont montré un véritable intérêt pour mon travail, mon parcours, et son repartis chacun avec une de mes créations.

Imaginer mes pièces dans vos vies, je ne réalise encore pas vraiment et ça me fait tout bizarre, en même temps qu’extrêmement plaisir.

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Même mes petits pots « appareil digestif », a priori moins séduisants que les pièces « Mon cœur rayonne » ou les « Vagues printanières » ont tous été adoptés. Bon, là, y’a peut-être une niche, parce que les heureux acquéreurs sont des proches d’ostéopathes, kiné ou gastroentérologues 😊

Chamboulée…

Pour tout vous dire, j’ai moi-même été un peu chamboulée. Par vos mots, vos réactions, mais aussi par un bout de ma « vie d’avant » qui a fait irruption par surprise.

Le quartier Sainte-Croix, au cœur duquel se trouve mon atelier, je l’ai longtemps adoré et puis j’ai eu besoin de le quitter quelques années, pour le retrouver avec joie aujourd’hui.

Durant ces JEMA, j’ai revu une personne perdue de vue depuis presque 15 ans et qui pourtant a joué un rôle important à un moment de ma vie. Durant ces journées, j’ai revu Erika, qui habite à 2 pas de la Pépinière et qui a aussi été ma voisine au temps où je vivais dans ce quartier. À l’époque, j’étais encore étudiante et travaillais comme serveuse dans plusieurs des cafés et restaurants du quartier.

C’est aussi l’époque où j’ai vécu les moments les plus heureux de ma vie, les plus douloureux aussi.

Dans ce quartier, on a diagnostiqué ma maladie de Crohn, qui m’a immobilisée des mois durant, entre opérations, hospitalisations et soins. Maladie qui m’a aussi stoppée plus d’un an dans mon parcours d’étudiante.

Dans ce quartier, je suis aussi tombée follement amoureuse et j’ai vécu ma plus grande histoire d’amour. Tout mon être rayonnait, je me sentais légère et invincible. Et puis, un soir d’août, la légèreté a pris fin de façon brutale et j’ai littéralement dû faire le deuil de ce grand Amour. L’épreuve la plus difficile et douloureuse de ma vie, qui aujourd’hui encore est fortement ancrée en moi. C’est une faille énorme, mais qui fait aussi ma force et celle que je suis aujourd’hui (sans cette épreuve, je n’aurais probablement pas fait de profond travail sur moi-même en allant consulter un psychiatre, démarche qui m’a pourtant permis de prendre conscience de bien d’autres choses et les traiter…).

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous »

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Erika a assisté à tout ça et m’a même précieusement accompagnée dans ces épreuves. Et puis, la vie, son tourbillon (et aussi le besoin de couper un peu avec cette période), ont fait que nos chemins se sont séparés, pour finalement se retrouver lors de ces JEMA, pour notre plus grande émotion à toutes les deux. « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », disait Paul Éluard…

Et puis, une nouvelle vie…

Si je vous raconte tout ça, c’est parce que ces souvenirs un peu enfouis soudain revenus à la surface m’ont certes bouleversée, mais ils m’ont aussi permis de regarder un peu en arrière et de prendre conscience du chemin parcouru.

Il y a eu de sacrées embuches, des chemins de traverse, mais ce sont tous ces évènements, toutes ces rencontres et bifurcations qui font qu’aujourd’hui, je me trouve au bon endroit, sereine et heureuse d’être embarquée sur ce chemin d’entrepreneure, artisane céramiste.

broche et gobelet
« Mon coeur rayonne »

Alors bien sûr, la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille et on se passerait bien de ses épreuves. Mais surtout, on a qu’une. Alors, si vous sentez au fond de vous cette envie et ce besoin profonds de changer votre vie, ne serait-ce qu’un petit peu, osez, même pas à pas !

En attendant, moi, je garde en mémoire vos sourires, vos encouragements, qui continuent de résonner en moi et me confortent dans mes choix. Alors, à nouveau du fond du cœur, MERCI de contribuer à construire mon chemin…

4 réponses

  1. Bravo Virginie !!!
    Pour tout ce parcours, pour ce courage a t’écouter et à orienter ton chemin de vie vers ce qui t’epanouis et vers lequel ton coeur rayonne… 💛 🙏

    1. Merci Aurélie pour ce message qui me touche 🥰
      Et quel beau chemin que le tien également, tout aussi à l’écoute de sa petite voix intérieure 💛✨

  2. Waowww ! Je suis tellement touchée…
    C’est drôle, on ne se connaît pas mais je sais maintenant pourquoi quelque chose me dit qu’il faut qu’on se rencontre. Je n’ai pas pu aller aux JEMA mais une fois mes épreuves du CAP passées je viendrai à ta rencontre avec le plus grand plaisir car derrière la céramique il y a une femme qui est dans le partage et l’empathie et ce n’est pas si courant. À très bientôt !!
    Audrey

    1. Oh, mille mercis pour ce beau message 💛
      Je suis touchée et serai très heureuse de faire ta rencontre, alors je te souhaite de bonnes épreuves et te dis à bientôt ! ✨

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